Prix de thèse AFCP 2018 et 2019

Depuis 2004, l’AFCP décerne un prix d’excellence scientifique à une thèse du domaine de la communication parlée.

Ce prix permet de soutenir et diffuser les travaux de jeunes chercheurs du domaine, et de promouvoir les recherches en communication parlée, fondamentales ou appliquées, en STIC, SHS ou SDV.

Le prix est décerné par un jury composé des chercheurs élus du CA de l’AFCP. Il est officiellement remis lors des Journées d’Etudes sur la Parole.

Marie-Lou Barnaud, lauréate du prix 2018, et Noémie te Rietmolen, lauréate du prix 2019, nous présenteront leurs travaux de thèse le jeudi 11 juin :

  • de 14h00 à 15h30 pour Marie-Lou Barnaud
  • de 15h30 à 17h00 pour Noémie te Rietmolen

En attendant ce moment, voici les résumés des deux thèses :

Marie-Lou Barnaud, Modélisation bayésienne du développement conjoint de la perception, l’action et la phonologie (GIPSA-Lab, Grenoble, sous la direction de Jean-Luc Schwartz, Pierre Bessière et de Julien Diard)
Bio : Marie-Lou Barnaud est ingénieure en robotique chez Génération Robots, à Bordeaux.
Après sa thèse, elle effectue un postdoctorat à l’Institut de Sciences et Technologies d’Okinawa (OIST), au Japon, pour étudier le rôle et le développement de l’apprentissage hiérarchique à l’aide de modèles bayésiens. Souhaitant mêler la robotique à ses intérêts pour les sciences cognitives et la modélisation, elle se tourne par la suite vers la robotique de service. Elle développe désormais des applications dédiées sur des robots humanoïdes pour répondre aux besoins des utilisateurs.
Résumé : A travers les tâches de perception et de production, les humains peuvent manipuler non seulement des mots et des phrases mais également des unités de plus bas niveau tels des syllabes et des phonèmes. Les études en phonétique sont principalement focalisées sur ces seconds types d’unités. Un des objectifs majeurs dans ce domaine est de comprendre comment les humains acquièrent et manipulent ces unités. Dans cette thèse, nous nous intéressons à cette question à travers l’utilisation de la modélisation computationnelle en réalisant des simulations informatiques à l’aide d’un modèle bayésien de la communication nommé COSMO (“Communicating Objects using Sensory-Motor Operations”). Nos études s’étendent à deux aspects. Dans une première partie, nous étudions les représentations cognitives des unités phonétiques. Il est maintenant bien établi que les unités sont caractérisées par des représentations auditives et motrices. En examinant leurs rôles respectifs durant le développement, nous établissons leur complémentarité à travers ce que nous nommons la propriété “bande étroite/bande large”. Dans une seconde partie, nous nous intéressons à la variabilité des unités phonétiques, notamment à travers l’étude de la corrélation des idiosyncrasies en perception et en production. En comparant les résultats obtenus en simulation aux données expérimentales, nous montrons qu’une perception perceptuo-motrice est la plus adaptée pour reproduire une corrélation similaire aux données, illustrant une nouvelle fois la complémentarité des représentations auditives et motrices.

Noémie te Rietmolen, Neural signature of metrical stress processing in French (Signature neuronale du traitement de l’accent métrique en français) (URI Octogone-Lordat, Université Toulouse II Jean Jaurès, sous la direction de Corine Astesano et Simon Thorpe)
La thèse actuelle présente une étude ERP du traitement du stress métrique en français. En effet, l’accentuation métrique joue un rôle important dans la compréhension des langues comme l’anglais et le néérlandais, mais son rôle dans le traitement du français n’est pas bien connu. Le français est une langue traditionnellement décrite sans accent. Cette thèse remet en question cette vision traditionnelle et s’aligne sur deux modèles métriques d’accentuation français, proposant que l’accent est encodé dans des patrons cognitifs sous-jacents. Dans notre étude interdisciplinaire en français sur le traitement des contraintes métriques, nous adoptons une approche fonctionnelle. Nous utilisons la méthode des potentiels évoqués (ERP), qui nous fournit une mesure extrêmement sensible et précise nous permettant de déterminer s’il existe un accent métrique en français et dans quelle mesure l’accent métrique aide l’auditeur à comprendre la parole. Nous montrerons que l’accent métrique facilite le traitement de la parole en français.