Évaluer l’intelligibilité, mots ou pseudo-mots ? Comparaison entre deux groupes d’auditeurs
Marie Rebourg, Muriel Lalain, Alain Ghio, Corinne Fredouille, Nicolas Fakhry et Virginie Woisard
La perte d’intelligibilité représente une plainte importante des patients traités pour un cancer de la cavité buccale ou de l’oropharynx. L’évaluation de l’intelligibilité est essentielle dans le parcours de soin, mais les tests existants ne sont pas satisfaisants. Basés sur la perception de listes de mots par des auditeurs entraînés à restaurer des séquences sonores dégradées, ils conduisent souvent à une sous-évaluation des déficits. Nous avons proposé une nouvelle tâche d’évaluation de l’intelligibilité, la tâche de décodage acoustico phonétique (DAP), basée sur l’utilisation de pseudo-mots mots (Astésano et al., 2018; Ghio et al., 2018; Ghio et al., soumis). Dans cette étude, nous évaluons la capacité de la tâche DAP à neutraliser les effets de restauration lexicale et d’expertise auditive clinique. Les résultats montrent que contrairement à une évaluation de l’intelligibilité basée sur mots, une évaluation basée sur des pseudo-mots permet d’obtenir des scores de déviation phonologique perçue (DPP) stables au cours du temps quel que soit le degré d’expertise des auditeurs, naïfs ou cliniciens.